« La vérité est qu’au-dessus du mot et au-dessus de la phrase il y a quelque chose de beaucoup plus simple qu’une phrase et même qu’un mot : le sens, qui est moins une chose pensée qu’un mouvement de pensée, moins un mouvement qu’une direction. » Henri Bergson

Le terme brouillon provient du verbe « brouiller » qui lui même se rattache au mot germanique brod, « brouet » signifiant une sorte de ragoût composé avec des aliments de base. En 1549, sa définition s’affine. Il signifie alors  « qui met le trouble  dans les affaires »  (Montaigne, IV, 195 dans Littré). Actuellement, en tant qu’adjectif ce terme exprime le désordre, plus précisément dans les idées. En tant que nom s’il est rattaché à un individu il renvoie de même que l’adjectif à un manque de clarté dans les idées de cette personne. Plus communément il signifie une première version d’un écrit qui sera mis au net.

Si l’on s’intéresse de manière plus historique au sens du brouillon, son apparition remonte à l’époque de l’Égypte ancienne, sous le nom d’ostraca. Fragments de calcaire ou de poterie, ils représentaient une étape spontanée de production, n’ayant pas pour but d’être conservée. Pourtant ils ont apporté une grande richesse dans la connaissance de cette époque.

En ce qui concerne la littérature, l’enjeu du brouillon a une importance majeure dans le travail des écrivains. Que ce soit Victor Hugo, Flaubert, Proust et bien d’autres, les œuvres s’élaborent dans leurs manières de concevoir ce brouillon. Prenons comme exemple Victor Hugo, pour qui  « être écrivain, c’est écrire, en toutes circonstances »

D’où l’importance d’un texte qui peut être augmenté, stimulé par des apports et qui doit être un espace de recherche non limité par un seul objet.

Gustave Flaubert démontre, dans une perfectionnabilité infinie de l’usage des mots et de leur sonorité, que l’usage des corrections a un réel intérêt dans l’élaboration d’une œuvre.

À travers la poésie et les œuvres de Perec, Apollinaire et Mallarmé, l’espace de recherche qu’est le brouillon, prend sens dans la totalité des aspects que l’écrit admet.

La page, les marges, les lettres, les mots, leurs sonorités, leurs espacements. Ils travaillent le texte en tant que matière qui demande à être manipulée, déconstruite.

« { …} l’école française a une nette tendance à surfavoriser les objets finis (et parfaits) plutôt que les espaces de construction, les écrits intermédiaires. Cela se retrouve aussi sur le statut de l’erreur en France en comparaison de ce qui se passe dans d’autres pays. L’erreur est une “ faute ” qu’il faut à tout prix éviter, réparer. Dans l’inconscient, elle n’est pas ce qui permet de progresser, mais ce qui empêche de réussir. » Rémi Thibert

Jury

  • Tiphaine KAZI-TANI, présidente, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer et chercheuse associée au CodesignLab de Telecom Paris-Tech et à la Cité du design de Saint-Étienne, associée au commissariat de la Biennale du design de Saint-Étienne, responsable du DSRD à I’ESADSE.
  • Mathieu PEYROULET-GHILINI, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer
  • Delphine COINDET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; artiste.
  • Yannick VERNET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; responsable des projets numériques à l’ENSP.
  • Frédérique ENTRIALGO, théoricienne, docteur et enseignante à l’ESADMM.

Laisser un commentaire