Je suis née à Shanghai, une ville au bord de la mer. Avant de venir en France, je n’ai jamais quitté ma ville d’origine pour vivre dans d’autres villes. Quand j’étais jeune, et dans mon souvenir, la mer était jaune, la boue humide et il y avait une odeur de poisson dans l’air. On raconte que Shanghai était, à l’origine, un petit village de pêcheurs et je pense que le souvenir de mon enfance a probablement le goût originel de Shanghaï.

Après avoir grandi, j’ai visité de nombreuses villes balnéaires comme Hainan (Mer de Chine Méridionale), Qingdao (Mer Jaune), Pattaya (Golfe de Thaïlande), Ho Chi Minh-Ville (Mer de Chine Méridionale), Kyushu (Mer de l’Est de Chine), Copenhague (Mer Baltique) et enfin je suis venue à Marseille, une ville méditerranéenne.

Nord, sud et pays étranger. Mon cœur au bord de la mer est très calme. Parfois, je me lève tôt, je cours vers la plage et regarde le lever du soleil. Cependant, parfois, le temps n’est pas bon/est mauvais et le lever de soleil que vous voyez est flou. J’aime les montagnes et j’aime la mer. Mais je préfère la mer. En effet, quand je me tiens au sommet de la montagne, je vois l’horizon à perte de vue. Mais la mer, je ne peux toujours pas comprendre. Elle semble calme, mais en réalité, elle est agitée. Elle semble être douce, mais elle est violente. Les trois petites gouttelettes que l’on trouve souvent à gauche dans les caractères chinois, comme dans (), « Han, Chinois » ou dans , « droit, français », ont une valeur idéographique unique et pratiquement universelle. Une recherche en français et en chinois sur un moteur de recherche en images confirme ce point de vue : pour tous, ce qui caractérise aujourd’hui le mieux l’eau, c’est son plus petit élément, la goutte claire. Mais dès qu’on élargit quelque peu le champ de vision, des différences culturelles commencent à apparaître : l’eau est plus présente dans la psyché chinoise ; elle a plus de facettes que dans la culture occidentale, et dépasse les seules idées « d’eau fraîche » ou de « mer ».

Dès le I-Ching (易经) et la théorie Yin-Yang des éléments, l’eau a sa place dans la philosophie chinoise, symbolisée par deux traits continus Yin entourant un pointillé Yang, étendue féminine parcourue par une force de vie masculine (noter la ressemblance de ce trigramme avec le pictogramme originel du caractère « shui » sur les carapaces de tortue de l’époque Shang). Le taoïsme, la théorie de la « voie » et du « souffle » exploitent et développent ce symbolisme du flux, qui se retrouve par exemple dans le terme 风 —, littéralement « vent et eau », qui désigne la géomancie chinoise.

 

 

Jury

  • Tiphaine KAZI-TANI, présidente, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer et chercheuse associée au CodesignLab de Telecom Paris-Tech et à la Cité du design de Saint-Étienne, associée au commissariat de la Biennale du design de Saint-Étienne, responsable du DSRD à I’ESADSE.
  • Mathieu PEYROULET-GHILINI, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer
  • Delphine COINDET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; artiste.
  • Yannick VERNET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; responsable des projets numériques à l’ENSP.
  • Frédérique ENTRIALGO, théoricienne, docteur et enseignante à l’ESADMM.

Laisser un commentaire