La fin d’après-midi se fait sentir sur le parvis de l’Opéra de Marseille. Imposante construction art déco, qui solidement appuyée sur ses six larges piliers, domine la petite place méditerranéenne, non loin du port. Il semble presque à l’étroit, si proche des façades d’immeubles qui le bordent. 

Ce soir, une représentation se joue dans la grande salle rouge et or. Les Marseillais sont de plus en plus nombreux à se présenter devant les grilles. La place résonne, les bruits cognent aux volets. Le quartier s’anime peu à peu pour faire de l’endroit un théâtre, dont les pas de portes et les fenêtres sont les gradins et les balcons. 

Parmi la foule remuante et bouillante, un homme à l’air fantomatique se tient au milieu de la place. Il semble absent et déconnecté du rythme qui emporte le parvis. Personne ne daigne lui accorder un regard ni même un mot. Sans doute, passe-t-il pour un autre de ces marginaux étranger à l’agitation du cœur de Marseille. Pourtant, il n’a pas les épaules tombantes, ni l’œil vitreux. 

Au contraire, il se tient plutôt fier, mais discret. La tête haute, il semble observer quelque chose que les autres ne parviennent à voir. Le regard flottant dans l’atmosphère de la place, les petits plissements ponctuels de ses yeux, comme pour faire une mise au point, laissent deviner sur son visage une réflexion intense. 

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