Nombreux sont les souvenirs liés à une lumière captivante que je porte gravés dans ma mémoire depuis ma tendre enfance, mais ce n’est qu’à travers le travail de recherche que j’ai mené durant mes études en architecture, et qui portait sur l’éclairage muséographique, que j’ai pris conscience des capacités de cette matière éthérée et éphémère à remodeler l’espace, et à en créer un autre, à créer une manifestation physique et un effet viscéral sans même avoir de propriétés physiques palpables. Une matière capable d’octroyer un esprit à toute architecture, à affecter biologiquement l’homme, à provoquer des émotions, etc.

J’ai depuis nourri un fort intérêt pour la scénographie en raison de sa richesse et de son aspect pluridisciplinaire, mais plus particulièrement pour celui de la conception lumière, qui est devenue un domaine vers lequel je souhaiterais y orienter ma carrière future. Aborder la lumière et l’éclairage comme des éléments structurants du projet, appréhender la lumière comme une ressource, une matière première et apprendre à en maîtriser les effets de façon à mieux « servir » l’architecture, et à raconter des histoires de personnes et de choses en ayant recours aux jeux d’ombres et de lumières.

Lumière, Éclairage, Ambiances lumineuses, Perception, Spiritualité, Lieux de culte…

Tout cela m’amène donc à vouloir aborder la thématique de la lumière pour mon projet de diplôme. Désireuse de m’inscrire dans la continuité de mes travaux et recherches antérieures, j’ai entrepris d’approfondir mon travail tout en lui offrant une orientation différente afin de pouvoir le nourrir davantage. Je cherche dans ce mémoire à dépeindre la lumière de façon à la fois sensible et sensorielle, mais aussi d’un point de vue technique, à travers une synthèse des bases de la conception lumière et des ambiances lumineuses de façon générale, et à travers une lecture sensible de ces derniers dans les lieux de cultes en particulier.

“Without light, there’s nothing” Robert Wilson

Les étincelles d’un cierge magique à la veillée du Mawlid, à Alger. La lumière éthérée d’une mosquée au Maroc. La lueur vacillante d’un cierge dans une cathédrale gothique à Paris. Les faisceaux au travers d’un Jali en pierre de taille dans un mausolée soufie à Ahmedabad. Un soleil qui lorgne sur une cour à Tunis. L’éclat d’une lampe à huile dans un temple bouddhiste, ou l’obscurité d’un sanctuaire taoïste en Chine. Le sol d’une basilique frappé de lumière teintée par des vitraux à Varsovie, ou les flammes des bougies d’un Hannukah à Marseille… 

Étant moi-même croyante et sensible à toute forme de spiritualité, je ne pouvais m’empêcher d’en faire mention dans mon mémoire, la lumière ayant une symbolique forte dans toutes les religions, et les ambiances lumineuses demeurant aujourd’hui encore un élément fort de la liturgie, avec un pouvoir symbolique et suggestif ayant très tôt été étroitement lié à la célébration des cultes, la lumière étant liée à la divinité et à la sainteté dans de nombreuses religions différentes. N’excluant pas le fait que la lumière puisse parfaitement revêtir une dimension spirituelle dans un lieu ou contexte profane, à l’instar des œuvres d’un James Turrell, d’un Olafur Eliasson, ou d’une Loie Fuller, etc. Elle aura permis aussi bien aux philosophes, aux hommes religieux, aux savants, ou aux artistes de tous bords d’illustrer une certaine vision (du monde), qu’il s’agisse de la lumière du soleil, de la lune, des étoiles, ou des aurores. 

« Les lieux saints ne sont pas relatifs aux hommes religieux. Même l’homme non religieux a des lieux saints relatifs à ses souvenirs personnels. » Eliade 

Ce chapitre vise à introduire le lecteur à mes propres préoccupations, rattachées à la spiritualité et à la symbolique de la lumière en Islam, mais également aux relations passées ou actuelles entre les ambiances lumineuses, les édifices sacrés et les pratiques religieuses de divers cultes, en offrant une lecture sensible de certains bâtiments, et cela, de manière volontairement simplifiée. J’ai également profité de mon récent séjour à Alger afin d’alimenter mon travail, notamment en me rendant dans certains lieux importants de la capitale, et en m’entretenant avec des personnes susceptibles de nourrir mon propos. 

 

Jury Dnsep 2018 :

Présidente : Esjieun Kim, Architecte, Artiste

Mémoires : Véronique Verstraete, Artiste

Kader Mokaddem : Philosophe

Fred Terry : Designer

Frédérick du Chayla : Designer, représentant l’Esadmm

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