Qui êtes-vous ?
Question plutôt bénigne et usuelle sans grand impact sur nos consciences. Nous sommes censés savoir qui nous sommes, connaître nos goûts, notre caractère, notre prénom. Il y a notre personnalité et il y a notre identité. La nature humaine est faite de ces deux aspirations en interaction permanente. L’une ne va pas sans l’autre, l’une constitue l’autre et l’autre peut même détruire l’une. L’identité personnelle se constitue intérieurement à travers la conscience de soi.
Je suis peut-être timide, mais pas avec tout le monde. Suis-je alors quelqu’un de réservée ? En contact avec autrui, notre comportement change, car nous avons conscience de cet autrui et nous avons conscience de ce rapport avec lui. Cela peut-être déstabilisant, voir changeant. C’est en ce1a que l’identité n’est pas la personnalité. Ce qui constitue notre identité est censé être immuable. Nous essayons certes, par divers moyens, de modifier notre part identitaire, de la personnaliser. Que ce soit par la coupe de cheveux, ou par les vêtements que l’on porte, nous cherchons à nous différencier des autres tout en restant dans les normes nous propose la société. Et si demain nous n’avions plus d’identité propre ? Qu’adviendra-t-il de la personnalité, de l’ontophanie constitutive de l’être ? Pourrions-nous être des individus pluriels, mais avec des caractérisations propres ?
Et si nous pouvions également personnaliser notre identité sociale tout en étant les complices des normes d’une société contemporaine ? Si nous pouvions jouer avec notre identité et même l’échanger avec celles des autres ? Un processus qui modifierait certainement la stabilité du rapport entre le collectif et l’individuel. Nous parlons ici bien sûr ici de l’identité dite « identité sociale », définie avec l’aide d’autrui, et à travers des classifications et différents statuts sociaux. Imaginer des outils persuasifs qui agiraient sur l’identité d’autrui et donc sur la nôtre. Imaginer le contexte et les conséquences et visuelles et environnementales de tels instruments ? Tout sera une question de spéculation. Un pari fou sur l’évolution des us et des règles étatiques du 21e siècle. Un cycle identitaire en constante évolution, rotation, pourra possiblement satisfaire notre désir insatiable d’être heureux. C’est une question qui sera misent lumière, mise en situation, comme un système parallèle intégrant cette rotation identitaire. Les enjeux d’une telle société dissociée, une « dissociété » de surconsommation des identités, traitée sous la forme d’une spéculation négative ou positive. Tout dépendra du point de vue.
Dans ce flou scénariste, j’espère réussir à faire ressortir une question plus profonde qui est transposable dans le champ du design. La disparition de l’identité par la multiplication de celle-ci que l’on peut comparer à l’industrialisation d’objets destinés à plaire à tout un chacun. Ces objets-là perdent fortement leur identité dans la masse de production.
Mais quelle est l’identité d’un objet, d’un espace ? La relation qu’il entretient avec les individus ? Les signes et indices qu’il nous renvoie pour l’identifier ?
Jury
- Tiphaine KAZI-TANI, présidente, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer et chercheuse associée au CodesignLab de Telecom Paris-Tech et à la Cité du design de Saint-Étienne, associée au commissariat de la Biennale du design de Saint-Étienne, responsable du DSRD à I’ESADSE.
- Mathieu PEYROULET-GHILINI, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer
- Delphine COINDET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; artiste.
- Yannick VERNET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; responsable des projets numériques à l’ENSP.
- Frédérique ENTRIALGO, théoricienne, docteur et enseignante à l’ESADMM.