Investir le patrimoine industriel est devenu un concept obsolète aujourd’hui. Les friches d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier et celles de demain ne seront pas celles d’aujourd’hui.
Une question demeure donc : sur quels lieux faut-il porter attention ?
Les usages de la ville et donc de son bâti permettent d’apporter une réponse en fonction des besoins de ses habitants. 
Par exemple nous avons une façon de consommer qui change au fil du temps, nous ne consommons plus comme hier et nous ne consommeront pas comme aujourd’hui.
À partir des années 60, les villes ont vu s’implanter en périphérie des zones commerciales immenses, encouragée par le développement de l’automobile comme principal mode de mobilité et la surconsommation. Depuis les années 2010, la société prône le circuit de consommation court, rendant obsolète le fait de devoir se déplacer en voiture sur plusieurs kilomètres pour aller dans ces temples de la surconsommation, préférant diversifier les commerces des centre-ville et préconiser les transports en commun.
Aujourd’hui, il est même possible de consommer sans se déplacer grâce aux nombreux services de commerce en ligne, nous assurant de pouvoir obtenir n’im- porte quel produit, même à l’autre bout de la planète en seulement quelques jours, voire quelques heures, sans bouger de chez soi. La pandémie et le confinement signeront l’avènement de ce nouveau mode de consommation controversé, tant à l’échelle économique qu’environnemental.
Le bâti des zones périurbaines se retrouvent donc inévitablement en péril si l’on suit la logique de l’évolution des modes de consommation.
Consommer, se loger, étudier, travailler, se déplacer, toutes ces fonctions sont perpétuellement remises en question, surtout dans un espace aussi dense que la ville.
Et lorsque l’on peut projeter ces futures friches, nous pouvons donc anticiper de nouveaux usages. Depuis les lois de dé- centralisation, la culture a massivement migré depuis la capitale pour être diffusée dans toutes les grandes villes de France. La culture est devenue bien plus accessible mais ce n’est pas la seule composante de notre société. Le plus important est de pouvoir proposer une expérience urbaine. Les friches culturelles sont ainsi devenues par ce biais les nouveaux laboratoires des villes, permettant de questionner les usages à l’échelle d’un quartier.
De nombreuses ruines ou friches ne sont d’ailleurs pas devenues des friches culturelles mais se sont reconverties dans d’autres secteurs, vitaux dans notre société du XXIe siècle, par l’arrivée des technologies de plus en plus poussées, du besoin de communiquer, de consommer, différemment, même de se loger tout simplement.
Tout l’intérêt de projeter est de pouvoir réagir plus rapidement, afin de ne pas laisser la ruine s’enfermer dans ce cercle vicieux qui rend plus difficile sa potentielle réinsertion. Y réfléchir maintenant c’est prévoir com- ment notre société pourrait ou devrait évoluer, quels sont les enjeux auxquels nous devront faire face, tout en sachant qu’ils sont nombreux.
Cela permet de créer cette expérience urbaine qui s’adapterait aux besoins de notre société.

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