Je ne pense pas faire partie de ces designers qui « sauveront le monde » un jour. 

Je pense même que je le sais et que c’est pour cela que je souhaite devenir designer. 

Pour moi, être designer c’est pouvoir créer librement. Je ne doute pas que ma vision soit utopique et idéaliste. Je me rends compte que de nos jours, il n’est plus possible de créer avec insouciance des objets à « gogo». Il faut prendre en compte de plus en plus de paramètres, que ce soit technique, écologique, économique, éthique, mais aussi les modes et le marché que l’on vise. C’est le travail du de- signer que d’analyser l’environnement qui l’intéresse pour élaborer son projet et finalement aboutir à un résultat répondant à un besoin. Bien qu’ayant cette envie de créer, la réussite ou le succès ne suivent pas forcément, telle est la réalité. Mais sans révolutionner notre société, ce qui pourrait arriver et ce qui ne me déplairait pas, serait d’avoir un impact à mon échelle sur mon monde, sur le monde que je compte investir avec mes objets. 

Si créer peut modifier le quotidien des gens, améliorer leur façon de vivre ou tout simplement les rendre heureux d’avoir acheté un de mes objets, je n’ai peut être pas envie d’en demander plus. 

« Qu’est-ce que tu fais ? », « À qui tu t’adresses ? », « Pourquoi ? »,… 

Ces questions me suivent depuis toujours et j’imagine, me suivront toute ma vie. Ces questions, dont je n’ai qu’un début de réponses, seront vouées à changer dans le futur en fonction de mon évolution. 

Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je souhaite faire ? 

J’ai envie de répondre beau- coup de choses… Mes envies sont vastes : création d’objets d’intérieur et/ou décoratifs mais aussi du mobilier ou de la pièce unique… Dans le futur, j’aimerais pouvoir me mettre à mon compte pour produire des objets que j’aurai pensés ou bien que l’on m’aura commandés. 

Pourquoi ? 

Ah… cette grande question qui revient à chaque fois. Pourquoi ? Pour quoi faire? Probablement pas pour rien, il doit bien y avoir une raison derrière tout ça. La plupart du temps j’essaie de prendre en compte et d’avoir conscience des problèmes qui m’entourent et de les intégrer à ma production. J’aime espérer qu’avec le temps cette conscience de notre monde se reflétera efficacement et d’une façon intelligente dans mon travail. 

À qui je m’adresse ? 

La cible est toujours un élément difficile à déterminer. En observant les personnes dans mon entourage, j’ai l’impression que cette cible évo- lue très facilement notamment en fonction du type de production. Ma sœur céramiste, produit aussi bien des objets d’art de la table que des objets plus sculpturaux. Bien évidemment sa clientèle est différente selon ces catégories et quelqu’un qui va s’offrir une tasse chez elle ne pourra peut-être pas s’offrir une sculpture. 

Au lieu d’essayer de me fixer une tranche d’âge ou une classe sociale, je m’attache souvent à essayer de définir dans quel type de marché pourrait se placer mes productions. Idéalement j’aimerais produire des objets le plus accessible possible financièrement. J’ai conscience qu’en ajoutant les techniques et les savoir-faire que je possède, les prix augmentent. Je pourrais, par exemple, citer un ami verrier, qui a du adapter ses prix et donc sa cible au fur et à mesure de son travail. Commençant par la création de bijoux, il a fini par s’orienter vers des éléments surfaciques comme des plateaux ou encore des tables. 

Inévitablement, la quantité et la qualité de verre a augmenté et avec elle ses consommations d’énergie. Le temps de travail est également devenu plus conséquent et sa cible est devenue une clientèle de luxe. Actuellement, il est plus simple pour moi d’imaginer des objets ciblant des personnes se rapprochant de mon âge, 20/35 ans, jeunes adultes. Ma cible se rapprocherait de ma façon de voir les choses plutôt qu’une clientèle appartenant au luxe et elle serait bien sûr voués à grandir avec moi et surtout avec mon travail. 

Photographies : © Cécile Braneyre

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