Les ruines, les friches, les bâtiments abandonnés, les espaces délaissés attirent, car ils favorisent une certaine liberté. Une liberté d’abord individuelle dans la mesure où chaque individu peut se l’approprier à sa manière, grâce à l’art, la déambulation, l’exploration, la projection. L’absence de fonction génère un usage libre qui tranche avec l’usage de l’espace urbain encadré, régit par des règles et des lois. Ainsi, les espaces délaissés étant les espaces les plus libres en matière d’expériences et de création, ils peuvent ainsi devenir les lieux d’expérimentations de ces scénarios. Aujourd’hui favoriser l’accès à la culture est devenu le principal moyen de revaloriser un espace. Les friches culturelles finissent aujourd’hui par adopter les mêmes recettes qui fonctionnent, au point de ne plus être un laboratoire social mais un espace rentable « à la mode », qui doit se construire aussi vite qu’il doit pouvoir laisser la place à un projet urbain pérenne. La culture ne doit pas être la solution à tout espace vacant mais l’expérience, comme vecteur de changement et de réinsertion d’un bâtiment pour que sa fonction s’adapte sans cesse, pour que le bâti puisse continuer d’exister et de servir. Pour que les friches puissent représenter au mieux les scénarios d’aujourd’hui, elles doivent, par leur concept et par la mise en place de nouvelles expériences concrètes, amorcer le début d’une discussion libre en tous les utilisateurs de l’espace urbain, qu’ils soient artistes, designers, architectes mais aussi acteurs politiques, économiques et sociaux tout en prenant en compte la parole vitale des habitants, celle qui construit finalement le lieu. Les friches doivent ainsi se remettre continuellement en question en s’adaptant aux problématiques actuelles pour continuer d’exister et d’avoir une place dans la ville. À quoi ressemblera le lieu alternatif de demain ?
Finalement, c’est celui qui aura su reconvertir une architecture délaissée pour y créer une nouvelle urbanité adaptée aux usages des habitants, qui aura su ”s’alterner”. Et ce n’est pas forcément un espace artistique, cela peut-être une université, une institution publique, des commerces hybrides ou des logements par exemple. C’est celui dont le bâti existant aura été pensé pour pouvoir abriter une nouvelle fonction projetée pour s’adapter à la société qui en aura besoin. C’est anticiper la ruine et penser l’après. Pourvu que cela expérimente une nouvelle façon d’habiter et de pratiquer la ville.

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