I. Nous avons testé, en étroite collaboration, l’architecture comme l’unité plastique des arts, de l’industrie et de la technique et établi que cette formation conduira à la création d’un nouveau style.
II. Nous avons testé les lois de l’espace et leurs variations infinies (les contrastes, dissonances, etc.) et établi que l’assemblage de toutes ces variations forme une unité équilibrée.
III. Nous avons éprouvé les lois des couleurs dans l’espace et le temps et établi que les relations mutuelles de ces éléments donnent finalement une unité nouvelle et positive.
IV. Nous avons mis à l’épreuve les relations entre l’espace et le temps et trouvé que la mise en évidence de ces deux éléments par la couleur donne une nouvelle dimension.
V. Nous avons mis à l’épreuve les corrélations existant entre masse, proportion, espace, temps et matériau et dégagé une méthode définitive pour en réaliser l’unité.
VI. Le « dynamitage » de la fermeture (les murs, etc.) a supprimé la dualité entre l’intérieur et l’extérieur.
VII. Nous avons donné à la couleur sa véritable place en architecture et nous affirmons que la séparation de la peinture (le tableau) et de l’architecture ne se justifie absolument pas du point de vue de l’évolution.
VIII. L’époque de la destruction est à son terme. Une nouvelle ère, celle de la construction, s’annonce.
Van Eesteren — Theo van Doesburg — G. Rietveld
1923
Le « Manifeste V » du groupe De Stijl rédigé à Paris est intitulé « Sur le chemin d’une architecture collective ». Construire collectivement signifie qu’architectes, peintres et sculpteurs travaillent ensemble sur une œuvre, dans l’espace et le temps, chacun selon les lois élémentaires de son matériau particulier. Il en résulte une unité bien soudée de tous les arts, d’où toutes les émotions individuelles sont bannies. Theo van Doesburg et Cor van Eesteren commentent, dans « De Stijl VI », le manifeste de Paris en ces termes : l’art et la vie ne peuvent plus être dissociés. Le concept d’art est de ce fait devenu inutilisable. Nous sommes à la recherche d’un système objectif.