Suite à la disparition d’Alessandro Mendini mardi 18 février 2019, nous vous proposons de commenter ses propos extraits d’une interview menée par Luisa Castiglioni dans le cadre du projet de recherche Global Tools, aujourd’hui mené par Nathalie Bruyère, enseignante à l’isdaT.

« A.M. — L’originalité du travail qui s’abrite sous le parapluie du mot “ maker ”, ou sous le mot plus archaïque d’auto producteur, apparaît, selon moi, au niveau de la tentative de simplification du passage entre la conception, la construction et l’acquisition de l’objet par l’usager. C’est une tentative de libérer ce parcours des engrenages mis en place par l’industrie, le marketing, la distribution. Il s’agit d’une œuvre de nettoyage intellectuel et opérationnel puisque les grands complexes industriels travaillent sur cette économie terrifiante. Ce sont donc des tentatives que j’ai personnellement théorisées à Global Tools. Il s’agit de réaliser des projets avec les mains, mais, moi, je ne sais pas enfoncer un clou dans du bois, et je fais des projets d’une façon abstraite. Et encore maintenant, je n’ai pas la mentalité de celui qui fait “ DIY ”, ou du groupe Milano Recession design qui, en partant de produits semi-finis, aide les personnes à construire des meubles dans le sillage des propositions d’Enzo Mari.

Probablement, il s’agit d’excès qui ne sont pas recherchés par les usagers, mais malgré cela, ils démontrent, comme on l’a vu souvent aux Pays-Bas, que celui qui a un diplôme de designer, plutôt qu’ouvrir un atelier professionnel avec 3 ou 4 collègues, ouvre une usine qui produit directement des chaises, réalisées comme pièces uniques. Et il trouve des personnes qui ont envie de les acheter parce qu’elles les trouvent plus chargées d’humanité que celles de Kartell. Néanmoins, les formes et les produits des autoproductions sont véritablement très nombreux. Mais même si les définitions de l’autoproduction sont nombreuses, il faut porter notre attention à ces faits parce que j’ai la sensation qu’à l’intérieur de ce développement, il peut y avoir des innovations révolutionnaires en préparation. C’est le moment où il faudrait, au niveau du projet, retrouver une révolution radicale, puisqu’aujourd’hui le projet est soumis au marché.

Les designers travaillent encore sous contrat de royalties, c’est un contrat obsolète et mauvais. L’architecture de renom, qui a une grande qualité formelle, est adossée à la spéculation urbaine. Son horizon est encombré par ce poids. Donc, cette tendance à l’autoproduction est un espoir de renouvellement. Naturellement, comme dans toute chose, il y a un ensemble énorme d’initiatives qui touchent à l’arbitraire, et par conséquent il faut savoir bien trier, mais quand on arrive à articuler le fait main avec une innovation de haute technologie, cela s’avère intéressant. Ces combinaisons peuvent être très récentes et utiliser de nouvelles techniques de production, ce n’est pas dit que pour faire de l’autoproduction il faille utiliser le tour du potier. »

Dans cet extrait, Alessandro Mendini évoque les conditions de production du design, entre emprise de l’industrie et « DIY ».
Vous commenterez ses propos dans un document soigneusement mis en page, sans fautes d’orthographe et comportant une bibliographie qui témoigne des recherches effectuées.

Pour vous aider, voici quelques angles d’approche possible.

Quelles questions pose-t-il ?
Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous qu’elles sont importantes ? (Argumentez.)
Comment pourriez-vous remettre ces questions en jeu dans votre propre pratique ?
Quels liens pouvez-vous faire entre artisanat et technologie et innovation ?
Comment ces considérations se sont-elles déjà posées dans l’histoire du design et comment pensez-vous qu’elles se posent aujourd’hui ?
(…)

Laisser un commentaire