Depuis quelques années nous assistons à la recrudescence d’un intérêt général pour « la FOOD ». Entre autres à cause des divertissements/jeux télévisés, des livres et éditions totalement dédiés à la cuisine et aux recettes, des réseaux sociaux qui font l’apologie du « bien-manger » et de modes de vie spécifiques… Ce mot signifie littéralement nourriture en anglais, la nourriture ; matière biologique contenant ou consistant en nutriments essentiels pour le corps, est ingérés et assimilées par un organisme pour produire de l’énergie. Le terme « Food » est utilisé à toutes les sauces pour, à la fois, tout et rien désigner. De cet enthousiasme autour de la nourriture une nouvelle définition du mot à vu le jour : food = tout ce qui est assimilé à la nourriture, que ce soit des recettes, l’acte de manger, la restauration, en passant par des nouvelles manières de cuisiner…

Food c’est la mode, Food c’est le bankable, Food c’est l’adjectif qui garantit la popularité, Food c’est le hashtag sur les réseaux sociaux, Food c’est la visibilité à l’échelle mondiale et c’est aussi toute une flopée de vocables dérivés de cette terminologie.

Les foodistas (jeunes femmes/hommes qui vouent un véritable culte à la cuisine, mais aussi à tout ce qui est en périphérie de cet univers. Qui est sans cesse à la recherche de la dernière mode culinaire, du dernier ustensile en vogue, mais qui n’est pas forcément une bonne ménagère ou un bon cuisinier).

Le fooding (ou l’art du « bien-manger » et du « bien vivre » dans le sens de manger des produits qui ont une histoire, un savoir-faire et une origine reconnue par les pairs. Néologisme formé par l’amalgame des mots anglais food, nourriture et feeling ressenti, sentiment. On ne parle pas ici de la notion de santé, mais seulement du goût et de la « bonne chère »). Les foodies (qui désigne un type de passionnés de la nourriture et des boissons qui va du secteur agroalimentaire, à la production et dégustation du vin, tout comme la science alimentaire, le tourisme culinaire et, de manière plus générale, la nutrition et la santé.)

Le Foodmood (envie irrésistible de manger, généralement un certain type d’aliments, même en étant déjà rassasié).

La food-person (terme de Marije Vogelzang définissant quelqu’un qui s’y connaît en nourriture).

Le food-design (design appliqué à l’objet alimentaire. C’est le fait de créer de nouvelles choses avec des aliments, mais cela peut aussi être des objets qui se rapportent à la cuisine).

« Le design permet la transformation de conditions existantes en meilleurs » d’après H.Simon. C’est un travail de compréhension, de mise en forme et plus encore. La cuisine, espace de transformation, espace en transformation nous permet de vivre in situ de la conception d’intention. Elle révèle la générosité de l’Homme.

La pièce de la cuisine incarne le lien social qui structure nos sociétés et reflète une histoire, un art de vivre et un art du partage. Le repas, lui, figure un moment d’échange, de convivialité, d’intimité à la fois singulier et universel ; il permet la rencontre, le partage et la découverte.

Prise au sens large, la chorégraphie des actes de la fabrique culinaire, ces gestes et ces mouvements offrent de belles résonances avec les arts de la scène. Il suffit de retourner, notamment dans les textes véridiques en Inde pour garder traces de ces affinités avec les Raza, théories esthétiques appliquées notamment au culinaire : boire et manger représente des gestes incontournables dans la formation des relations sociales à travers les différents contextes culturels.

« Ces outils impulsent en effet des formes, créent des contraintes, construisent du contexte et donnent des sensations qui forment une large palette (navigant entre désir et besoins, saveurs et imaginaire culinaire) ». Les métaphores culinaires encouragent l’identification et la formulation de problématiques sociétales pour lesquels les designers ont une réponse à donner.

De la cuisine découle le repas : acte à la fois biologique, social, culturel et surtout rempli de codes, rituels que nous avons très bien intégrés dans notre mode de vie, quelle que soit notre culture. Les premiers documents faisant allusion à l’univers culinaire en France datent de milieu du Moyen-Âge1. La société ayant largement évolué depuis le XIII ° siècle, comment se déroule un repas aujourd’hui, nos habitudes si ancrées reflètent — elles encore ce mode de fonctionnement ? Devons-nous abjurer ces usages ?

Parce que nous parlons des révolutions aux fourneaux, dans nos modes de vie, dans nos régimes, et même dans notre langage, mais finalement, c’est quoi manger ensemble aujourd’hui ?

Jury Dnsep 2017 :

Président : Jörn Aram Bihain, Architecte

Mémoires : Elena Biserna, Artiste

Sophie Bellé : Historienne de l’art

Martial Marquet : Architecte, Designer

Philippe Delahautemaison : Architecte, représentant l’Esadmm

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