À Medellín, le système de bus est pensé différemment qu’à Marseille. Une chose qui a beaucoup attiré mon attention quand je suis arrivée dans cette ville, était le fait qu’il n’y a pas de relation directe entre le conducteur et les passagers, d`abord parce qu’il y a une cabine qui établit cette séparation et que le système du paiement est indirect la plupart du temps. Le bus de Marseille ressemble davantage à un autre système alternatif qui existe aussi à Medellín qui s’appelle « métro plus », mais qui est assez récent et est limité seulement à quelques endroits dans la ville. Les abribus de ma ville natale n’établissent pas forcément des points d`arrêt comme à Marseille, il n`y a pas encore un système d`écran pour comprendre où on est et quand on ne sait pas où l’on va il faut demander aux autres ou directement au conducteur de s’arrêter en le disant ou en appuyant sur une petite sonnette. On est obligé de communiquer au moins un peu dans chaque trajet alors qu’à Marseille les trajets silencieux ne sont pas une option ! Quand je suis partie de la Colombie, mes amis m’ont demandé si c’était vrai que « Google maps » marchait très bien en Europe, Car nous n’avons pas l’habitude de l’utiliser en raison de ses imprécisions, mais aussi parce que l’on préfère demander aux autres notre chemin, entraînant des conversations éphémères et des rapprochements physiques constants.

Une autre situation de proximité créée par les besoins de la ville est mise en évidence dans le métro de Medellín qui est la seule ville en Colombie à avoir ce système de transport. Dans toutes les stations, la surveillance est permanente, et les gardiens sont particulièrement formés à assurer l’accompagnement psychologique quand il le faut, par exemple quand ils voient quelqu`un qui reste plus de 45 minutes sur la plate-forme, ou quelqu`un de triste ; ils vont se rapprocher de lui pour demander si tout va bien, et vérifier qu’il n’a pas des intentions de suicide.

Il y a un fort sentiment d’appartenir à une communauté entre les habitants, car le métro pour les « paisas » (habitants de Medellín) est synonyme de développement et la Mairie a institué une « culture du métro » qui est le résultat de la gestion d’un modèle social qui cherche à promouvoir la cohabitation harmonieuse et le respect des normes d’usage de biens publics. À la différence des bus il n’y a pas de vendeurs ambulants, les gens ne mangent pas à l’intérieur des wagons, il n’y a pas de graffitis et la propreté est impeccable.

À la différence du système de transports de Marseille, où il y a des réductions selon l’âge (mais étudiants limités à 26 ans !), à Medellín c’est le statut d`étudiant (quel que soit l’âge) et/ou la catégorie sociale officiellement déterminée par son lieu d’habitation qui privilégie certaines populations avec des bas tarifs , ainsi que l’entrée gratuite dans de nombreux endroits de la ville d’ordinaire payants. (Musées, certains parcs…).

Jury Dnsep 2018 :

Présidente : Esjieun Kim, Architecte, Artiste

Mémoires : Véronique Verstraete, Artiste

Kader Mokaddem : Philosophe

Fred Terry : Designer

Frédérick du Chayla : Designer, représentant l’Esadmm

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