“Le monde est en mouvement. La vie est un voyage. Les conditions de vie évoluent et, en même temps qu’elles, les besoins et les envies de l’homme. Les repliables sont une des formes d’adaptation de l’homme à ce monde en évolution. Leur efficacité élégante lui facilite la vie dans ce déplacement constant.” – Per Mollerup, Plier/déplier : Le Livre de l’objet repliable, Thames & Hudson, 2002, Paris
Un objet ne devrait jamais être pensé et réalisé avec une forme définitive. Il devrait pouvoir évoluer selon son environnement et son utilisateur. De ce fait, il pourrait ainsi pouvoir prendre une toute autre fonction et s’associer à d’autres objets.
Mon travail s’axe autour de l’espace et de l’objet modulable. J’aime cette idée qu’un espace ou un objet soit en perpétuelle évolution. À travers ses objets, l’usager n’a plus le rôle d’un simple consommateur. En effet, il devient acteur en les articulant selon ses envies.
Les jeux de construction pour enfants sont une première rencontre avec le principe d’assemblage, que certains adultes continuent de pratiquer toute leur vie, en assemblant des modules à leur échelle. Le principe des jeux pour enfants est d’assembler des pièces détachées pour former un ensemble cohérent. Il est ensuite pensé pour être démonté, afin de faciliter son rangement.
Les jeux favoris de notre enfance sont souvent constitués à base de cubes et autres pièces en bois s’assemblant de façons multiples.
Le fabricant de jeu Kurt Naef est connu pour ses jouets en bois qui incitent les enfants à imaginer des combinaisons nouvelles, tout en satisfaisant le rendu esthétique des parents souhaité par les parents.
Lors d’une conférence autour du livre de jeunesse avec Anne-Marie Faure aux Beaux Arts, j’ai découvert Sculptures Alphabétiques de Paul Cox. Cette boîte, composée de 130 pièces en bois, propose un tout nouvel alphabet. Paul Cox fait disparaître les lettres au pro t de formes colorées.
Comme Kurt Naef, à travers cet alphabet, Paul Cox cherche à apporter aux enfants une multitude de possibilités de combiner les formes et les couleurs les unes avec les autres.
Cette notion de composition/décomposition se retrouve énormément dans mes projets de design. J’aime créer des liens entres les pièces, se rapprochant ainsi du procédé utilisé dans un jeu pour enfant bien connu : le puzzle.
Le puzzle est une invention de John Spilsbury, un cartographe et graveur londonien qui a eut l’idée de découper des cartes représentant différents pays du monde, afin de les vendre comme moyen ludique d’apprendre la géographie. Les puzzles sont des applications bi-dimensionnelles du principe de l’assemblage.
J’ai découvert récemment dans le livre Désordre – édité par la galerie Fotokino à Marseille – la plasticienne Jenni Rope, dans laquelle je me retrouve particulièrement dans sa façon de travailler :
« J’aime travailler avec des pièces sculptées, et mon processus de peinture est un peu similaire à la confection d’un puzzle. Dans mes peintures, les éléments ne sont pas aussi mobiles, en revanche une journée suffit pour achever un tableau. Ces ensembles de formes sculptées peuvent être modifiés à l’infini, ils ne sont jamais figés ; si tel est mon souhait. J’aime l’idée que ces formes sont encore des pièces séparées qui peuvent faire partie d’une nouvelle collection, et dialoguer avec les différents espaces qui les entourent. »
– Jenni Rope, Désordre, édition Fotokino
Ces formes aléatoires composent l’espace et le rythme entre les pleins et les vides. Elles peu- vent fonctionner autant seules, qu’assemblées. Associées, elles créent de nouvelles formes et abordent l’espace de différentes manières.