Peintre, dessinateur et architecte établi à Darmstadt, à Düsseldorf, à Berlin et à Vienne. Actif en Allemagne et en Autriche de 1900 à 1940.
À la fin des années 1880, Peter Behrens étudie la peinture dans les Kunstgewerbeschule (Écoles des arts appliqués) de Hambourg, Karlsruhe, de Düsseldorf et de Munich. En 1892, il fait partie des membres fondateurs de la Sécession munichoise. Après s’être intéressé à la peinture impressionniste, il se tourne progressivement vers les arts décoratifs, et fonde en 1897 à Munich les Vereinigte Werkstätten für Kunst und Handwerk (Ateliers unifiés d’art et d’artisanat). Graphiste renommé, Behrens est appelé en 1899 à rejoindre la communauté d’artistes, le Mathildenhöhe, à Darmstadt, au sein de laquelle il se forme en autodidacte au métier d’architecte. Il dessine alors son théâtre idéal et construit sa propre maison. Il est nommé en 1903 à la direction de l’école des arts et métiers de Düsseldorf. Il se consacre ensuite au dessin publicitaire, mais surtout à des bâtiments d’exposition et à l’architecture intérieure. Cherchant à réaliser un agencement formel rigoureux, Behrens s’inspire énormément de la Renaissance florentine ainsi que des principes de composition géométrique du Néerlandais Mathieu Lauweriks, principes que l’on retrouve d’ailleurs dans les bâtiments provisoires édifiés lors de l’Exposition d’art du nord-ouest de l’Allemagne à Oldenbourg (1905) ou dans le crématorium de Hagen (1906-1907). En 1907, il est membre fondateur du Deutscher Werkbund ; la même année, il est engagé à Berlin comme conseiller artistique du groupe AEG
et exerce une action déterminante sur l’image de l’entreprise, dont il influence les publicités, les produits et l’architecture jusqu’en 1918. À cette époque, Walter Gropius, Le Corbusier, Adolf Meyer, Mies van der Rohe et Karl Schneider travaillent successivement dans le bureau de Behrens, qualifié plus tard de « laboratoire du modernisme ».
L’architecte réalise alors à Berlin et ailleurs plusieurs Siedlungen, la Kleinmotorenfabrik (usine de de petits moteurs, 1909-1913) et la célèbre Turbinenhalle (usine de turbines, 1908-1909). Cette construction industrielle la première du genre, est une véritable réalisation artistique : faite de verre et d’acier, elle évoque avec audace les lignes pures d’un temple antique tout en recourant à des matériaux modernes. Après 1910, Behrens poursuit de plus en plus ses recherches dans le sens d’une architecture néoclassique monumentale, illustrée notamment par des immeubles administratifs, l’ambassade d’Allemagne à Saint-Pétersbourg (1911-1912) et la salle d’exposition du Werkbund de Cologne (1914). Malgré ses nombreux écrits sur l’urbanisme et la culture industrielle moderne, son architecture s’inspire d’une volonté formelle, individuelle et artistique. Après la Première Guerre mondiale, Behrens est membre du Novembergruppe, du comité de direction du Deutscher Werkbund, du Ring et du cercle des amis du Bauhaus. Il succède à Otto Wagner à l’Académie des arts plastiques de
Vienne, où il enseigne de 1922 à 1936. Le bâtiment administratif de l’IG Farben à Höchst près de Francfort (1920-1924) et les nombreux pavillons d’exposition créés à cette époque comptent parmi les constructions les plus marquantes de l’expressionnisme. Behrens s’intéresse alors de plus en plus au Neues Bauen, comme le révèlent la maison en terrasse de la Siedlung du Weissenhof à Stuttgart (1926-1927, rénovée vers 1950), ou bien les deux immeubles de bureaux d’Alexanderplatz à Berlin (1929-1931) et le bâtiment culturel du Ring der Frauen (Cercle des femmes, 1931), réalisé pour l’exposition du Werkbund de Vienne, ainsi que la manufacture de tabac de Linz (1932-1934, avec H. Popp). Malgré l’aspect libre et dynamique du Ring der Frauen et des bandes de fenêtres de l’usine de Linz, les emprunts au Neues Bauen ne sont que formels et l’empreinte conservatrice de Behrens reste sensible. Bien qu’il soit accusé de « bolchevisme culturel » par les nazis après 1933, il accepte sa nomination au poste de responsable des classes supérieures à la Preussische Akademie der Künste à Berlin. Le monumentalisme dont il s’était montré capable avec l’ambassade d’Allemagne à Saint-Pétersbourg et l’intercession d’Albert Speer lui permettront de participer au réaménagement de Berlin. Il travaille jusqu’à sa mort au projet de l’axe nord-sud en imaginant des bâtiments officiels qui allient gigantisme et classicisme. Architecte leader dans le secteur industriel pendant la première moitié du XXe siècle et précurseur du mouvement moderne, Behrens est l’une des plus grandes personnalité l’architecture du siècle.