LISA OBRECHT – DNSEP 2025
La cabane, le refuge, le bivouac ou encore l’auberge désignent divers types d’abris en haute montagne souvent utilisés de manière ponctuelle ou en cas d’urgence. Si la cabane et le refuge remplissent une fonction similaire, la distinction réside principalement dans l’usage linguistique selon les pays : en Suisse, on parle de cabane, tandis qu’en France, les termes refuge ou rifugio (en italien) sont privilégiés.
L’auberge, quant à elle, a une acception plus large : AUBERGE, subst. fém. A.− Petit hôtel à la campagne, dans les petites villes ou les faubourgs, où les voyageurs peuvent se loger et se restaurer. Définition du CNRTL. Le terme bivouac, en revanche, s’applique à des refuges de plus petite échelle, souvent considérés comme des abris d’urgence situés sur des sentiers particulièrement difficiles d’accès. Enfin, mon terme préféré : la Baita (pluriel : Baite). Ce mot, chargé d’une signification spécifique dans le contexte alpin, évoque pour moi un souvenir précieux. Bien qu’il désigne une construction simple et isolée en montagne, dans les Alpes italiennes notamment, j’ai choisi, tout au long de cette recherche, de l’utiliser pour englober l’ensemble des typologies architecturales que l’on retrouve à nos sommets. Avant l’ère de l’alpinisme et des explorations scientifiques, les Baite étaient peu nombreuses. Il est crucial de souligner ici l’absence notable d’une histoire architecturale dans les Alpes avant le 18e siècle. Ce constat permettra d’éclairer la réflexion sur l’évolution architecturale des siècles suivants. Dépourvues d’un héritage architectural historique, les montagnes alpines se sont imposées comme un terrain d’expérimentation pour les architectes et designers. Aujourd’hui, la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) compte 120 Baite. En Suisse, le Club Alpin Suisse (CAS) administre 153 cabanes réparties à travers le territoire helvétique, ayant enregistré un total de 373 123 nuitées en 2023. En Italie, le Club Alpino Italiano (CAI) gère 758 baite, dont environ 550 situées dans les Alpes. Ces refuges, qu’ils soient gardiennés ou non, suscitent une réflexion sur des enjeux croisant du design, de la sociologie et de l’architecture. Une question émerge alors : celle de la convivialité. Dans un environnement naturel et territorial en constante mutation, combiné aux progrès humains, j’ai choisi de me concentrer sur cette problématique : Quelles sont les conditions socio-spatiales de la convivialité dans les refuges de haute montagne ? Pour y répondre, cette recherche s’articulera en trois temps. Tout d’abord, il est impératif de comprendre l’origine de la Baita et ses rapports aux échelles territoriales et architecturales. Cela permettra de cerner les différentes typologies architecturales et leur relation au territoire, en tenant compte des enjeux environnementaux propres à ces espaces. Ensuite, l’échelle humaine sera abordée à travers les notions de confort, de réconfort et du rapport entre intérieur et extérieur dans ces lieux singuliers. Enfin, la dimension collective de la Baita sera explorée. La convivialité y sera analysée au prisme des espaces de rencontre et d’échange, du rituel du repas, et du rôle clé du gardien ou de la gardienne en tant que moteur de cette convivialité.