J’ai vécu dans un village isolé, très peu connu et dont le nom n’évoque rien à personne : Pavezin. Ce territoire ne résulte pas d’une action humaine. Il est le fruit d’un relief, de sa flore, de sa faune et de données physiques et climatiques. Il n’est pas non plus l’enjeu de pouvoirs concurrents et divergents mais il trouve sa légitimité avec des représentations tant symboliques que patrimoniales, voire imaginaires, elles-mêmes nourries de la langue dominante parlée par les personnes qui occupent ce territoire : un dialecte franco-provençal. J’étais immergée dans cette bulle spatiale. Elle était délimitée par mon déplacement et l’interaction que j’avais avec les villageois. Les personnes qui habitent à la campagne vivent en accord avec le travail saisonnier des différentes récoltes agricoles. Pavezin, situé en Auvergne-Rhône-Alpes, se trouve au croisement de divers départements ayant des caractères agricoles particuliers et propres à chacun. « Le paysage comme objet de représentation esthétique, est une réalité matérielle et historique possédant une épaisseur intrinsèque que la perception n’épuise pas ».1
Léa Laroche — Dnsep 2022
Mes études à Saint-Etienne ont fortement influencé mes productions. Une ville et son héritage culturel, au lourd passé ouvrier, à l’atmosphère de charbon, de labeur. La question du territoire peut prendre divers aspects : morphologiques, géographiques ou historiques ; mais aussi une forme sociale, humaine, sensible, durable et partagée. C’est la diversité de ces questions qui fait la richesse de son influence. Elle est le fil conducteur dans mes recherches.
Printemps
– Cueillir des fraises et des cerises –Faire des danseuses en coquelicot
Été
– L’eau que tu bois vient de cette montagne – Des champs
– Cueillir des abricots
– Trouver une pierre pour s’assoir
– Arroser le jardin, et ramasser la verveine –Aller ranger le bois
Automne
– Ramasser des châtaignes et des pommes
– En haut de la montagne les cèpes sont peut être là
– Découper et sécher la récolte
– Les raisins sont ramassés, se piquer les doigts en ramassant des mûres
Hiver
– Les bouquets de houx, de fougère, et d’épiceas
– Le bois stocké de l’été brûle dans la cheminée
– Les matins, faire chauffer de l’eau pour fondre la glace dans la mangeoire des chèvres –Remplir la caisse de bois
– Nés dans la nuit, les chevreaux essaient de faire leurs premiers pas
Notes :- Alain Roger, Court traité du paysage,
Éditions Gallimard, 1997[↑]