« Czy Chcesz herbatę ?
— […] ? »
D’un geste chaleureux, maternel et rassurant, elle me servit le thé.
Arrête de parler, je comprends… Comprendre sans parler.
Je m’assois et je regarde, je pense et je parle en silence, sans note musicale, invisible dans le souffle, mais palpable dans les gestes.
Cette fois, j’observe, j’analyse mon interaction et ma propre expressivité. Je suis dans un état d’acceptation intense, je m’ouvre à distance avec un regard simple, différent et naïf.
Parle, je ne comprends pas. Touche, je commence à entendre tes mots.
J’aime cette idée de commencement, de début, d’immersion et d’incompréhension. Les efforts et les étapes du processus. Le processus de compréhension pour atteindre l’idée pure, simple du dialogue, le dialogue instinctif, primitif.
Écouter, comprendre, entendre crée une forme de distance, d’éloignement dans l’interaction, d’éloignement de soi. Ressentir l’échange par la compassion, l’empathie, échanger les corps. La réunion de deux entités par la curiosité, s’abandonner soi-même.
J’aime cet état de vulnérabilité, de solitude, comme une dépendance de l’attention, de l’attachement en étant désavantagé. Dépasser les codes et traverser l’étape du langage, mieux comprendre sans parler, une mise à nu des mots, revenir à l’essentialité, l’intuitif.
J’écoute en regardant et je façonne mon propre langage, celui qui parle d’émotions, de sens. D’aussi longtemps que je me souvienne, ce rapport entre le geste et le dialogue fait partie depuis très jeune de ma compréhension du monde.
Je veux parler de ma famille, celle dont je ne parle pas la langue, celle avec qui je parle en émotion. Cette famille qui a remplacé toute communication verbale par les gestes, les regards, les attentions, les caresses, les rires… Par mes souvenirs, mes pensées, mes immersions dans d’autres cultures, je voudrais rendre matérielle mon appréhension du monde. Je parlais de rendre compte d’une expérience, d’une immersion dans un lieu nouveau, face à des éléments inconnus.
Être dans un état de vulnérabilité, une mise à nu, se dépasser et aller au-delà des mots, une volonté de se faire comprendre. La capacité à créer une compréhension par un langage non verbal, créer des liens et dépasser ses limites par les gestes, par un processus de communication autre que la parole et les mots.
Jury
- Tiphaine KAZI-TANI, présidente, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer et chercheuse associée au CodesignLab de Telecom Paris-Tech et à la Cité du design de Saint-Étienne, associée au commissariat de la Biennale du design de Saint-Étienne, responsable du DSRD à I’ESADSE.
- Mathieu PEYROULET-GHILINI, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer
- Delphine COINDET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; artiste.
- Yannick VERNET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; responsable des projets numériques à l’ENSP.
- Frédérique ENTRIALGO, théoricienne, docteur et enseignante à l’ESADMM.