Lorsque mon regard se pose sur l’environnement, naturel ou urbain je réalise que je ne le vois jamais dans sa globalité, mais à travers une multitude de particules qui le composent. Mon regard n’accroche que des fragments qui m’interpellent et avec lesquels je crée sans cesse des compositions. C’est une façon de remodeler l’existant pour me l’approprier.
J’ai posé sur le papier le même regard que sur mon environnement. J’ai commencé un travail qui s’est développé par la prolifération de touches, de points, de découpes que j’ai expérimentées sur différents supports. Je me suis rendu compte de la nécessité du vide, du creux pour donner sens au plein.
Le dénominateur commun de mes travaux pourrait être défini comme la conjonction d’éléments séparés à partir desquels je crée une unité. Mon travail implique un rapport au temps particulier qui me convient, car j’échappe au diktat de l’immédiateté qui ne va pas dans le sens de mon évolution.
Intuition découpe modelage juxtaposition formes dessin support accrochage construction assemblage entrecroisement simplicité complexité échafaudage toile papier textile volume architecture préciosité couleur électrique espace visuel texture motifs répétition morceaux découpe élément orner surface irrégulier module varier composition agencement spatial épaisseur regard conscience mouvement intériorité
Pétale : « Chacune des pièces orales, souvent grandes et colorées, dont l’ensemble constitue la corolle »
Le pétale est l’origine de mes inspirations. Il se caractérise par sa couleur, qui varie du centre à son extrémité, qui s’intensifie parfois dans un dégradé de valeurs d’une même teinte ou d’autres fois contrastées. Parsemé de points et de ridules dans lesquelles la couleur se niche, il est graphique. Sa fragilité, sa finesse m’interpelle. Délicat au toucher, sa texture ressemble à de la soie. Il glisse et se plie entre mes doigts. Par opposition à l’angle, à la géométrie, chaque pétale est unique et se développe spontanément. L’organique ne rentre pas dans un calcul ou dans un quadrillage. C’est pour moi un symbole d’identité. J’infiltre de la fragilité dans tous mes objets.
Sur le coin d’une feuille, j’ai dessiné un pétale à main levée. À l’aide d’un calque, j’ai prélevé le contour et l’ai retranscrit plusieurs fois avec des inclinaisons différentes. À partir du même tracé, qui se croise, se recoupe et délimite des espaces, je crée des compositions. J’y mets de la couleur, des points, des traits. Je crée une série de formes graphiques qui font d’une même famille, mais qui ne sont jamais les mêmes.
Jury Dnap 2017
Présidente : Aurelie Mathigot, Artiste
Norbert Truxa : Designer, Chercheur
Axel Schindlbeck : Designer, représentant l’Esadmm