M. Bokanowski a inauguré hier la rue Mallet-Stevens.
Ce fut une fort élégante garden-party qu’offrait, hier, à ses collaborateurs et à ses amis M. Mallet-Stevens, fils de M. Maurice Mallet, l’expert en tableaux bien connu, petit-fils du peintre Alfred Stevens et architecte de cette exquise impasse fleurie, tel un jardin né miraculeusement au centre de la rue du Docteur-Blanche. La pluie nous ayant accordé une trêve bienfaisante, nous pûmes admirer à loisir, quelques instants avant la cérémonie officielle, l’harmonie et l’originalité des quelques hôtels, déjà tous occupés, qui composent cette nouvelle voie. C’est le triomphe du béton armé qui, comme chacun sait, unit à l’avantage d’une résistance qui permet de réaliser de grandes portées sans poutres apparentes, celui de constituer un sol qui met les caves à l’abri des inondations, d’être un excellent isolant contre le froid et, employé avec des briques creuses, contre les déperditions de chaleur, les condensations sous terrasses, enfin, chose appréciable, contre le bruit.
Un peu avant l’arrivée des officiels, M. Mallet-Stevens reçut ses invités au seuil de la coquette ruelle, nous reconnûmes Mmes Duchemin, N.-J. Klotz, Lemarié, Strauss, Mannsardi ; MM. P.-H. Mallet, Vaudoyer, Schreiber, Poiret, Jules Mallet, de Clermont-Tonnerre, Evain, Francis Jourdain, Laurent, inspecteur des beaux-arts, etc.
À 3 heures précises, M. Bokanowski, ministre du Commerce, descendit de voiture, précédé de MM. Boujù, préfet de la Seine Paul Léon, directeur des beaux — arts, et Fernand Laurent, conseiller municipal du seizième arrondissement. Un haut-parleur fut instantanément disposé, une estrade portative mise à terre et, le premier, M. Laurent prit la parole. Il dit fort judicieusement les avantages des réalisations de M. Mallet-Stevens « la simplicité, le confort, et l’originalité sans outrance ».
À son tour, M. Paul Léon parla au nom « de la famille, des artistes, à laquelle, il a donné toute sa vie » ; il chanta lui aussi les louanges de l’architecture moderne, qui permet « d’évider les parties pleines pour éclairer, les intérieurs ». puis il manifesta son peu. ; d’enthousiasme ; à l’égard des artistes qui n’obtiennent que laideur en exagérant, leur recherche : « La laideur, parfois, ne commence qu’avec la recherche de la beauté. »
Puis, enfin, M. Bpuju, préfet de la Seine, en une improvisation charmante et fort spirituelle, rappela « Auteuil, centre du charme délicat du dix-septième siècle », et imagina Mansard, donnant à Boileau ses impressions sur les conceptions actuelles du goût français.
Après la présentation au ministre du Commerce des collaborateurs de M. Mallet-Stevens, un cortège improvisé visita quelques-unes des demeures garnies de fleurs et fut reçu finalement dans l’atelier de MM. Martel frères, sculpteurs, auteurs du monument qui sera érigé à la mémoire de Claude Debussy dans la forêt de Saint-Germain. Un buffet permit de clôturer dans le champagne cette charmante manifestation d’art architectural moderne. Maurice Monda.