ARCHAÏSME

En cherchant à revenir à des principes qui pourraient être considérés comme passéistes, la Low-Tech nous invite à nous questionner sur la notion de l’archaïque, de l’arkhé, du commencement et de l’origine de la technique. Loin de préconiser un retour vers un dénuement total, elle cherche à entamer une réflexion sur notre évolution. Sur la manière dont se fonde ce développement que nous souhaiterions plus durable. L’Archaïsme heurte, car la crainte du passé est toujours présente, c’est un temps que l’on imagine barbare, dans le sens où il est différent aux usages et donc à notre culture. C’est-à-dire les contraires à « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » Selon l’UNESCO. – donc, ce que nous semblons être, pensons être ou sommes. Et si l’on vient à nous interroger sur le passé, d’un point de vue historique, la première évocation que l’on puisse en faire ne sera pas accueillante. La culture, notre culture, est vue comme un rempart qui nous a prémuni contre l’obscurantisme qui dominait. Si la Low-Tech a pour effet en objetif de transformer notre rapport à notre culture dite «moderne», elle n’est pas un mouvement qui souhaite retourner sur ses pas. Il s’agit de voir le monde – ou plutôt nos évolutions – d’un point de vue rétroactif. Le passé est fondateur de notre histoire, et, puisque tout est fondé sur du passé et rien n’existe sans lui, pas même notre culture n’en est exclue. On cherche à reconsidérer notre développement, à savoir ce qui nous a conduit là où nous sommes. C’est une quête de recherche de vérité : celle de notre propre existence. Si l’histoire existe, c’est pour pouvoir être interrogée et explorée d’un oeil neuf à travers le prisme de notre époque et de ses questionnements. « À cette destruction de l’hétos modere, à la destruction de l’image du globe que les Modernes ont formé, succède un état nouveau, fragile mais lucide, une forme de nouvelle origine qui ne serait pas un retour à une virginité première, ou à un état idéal, mais semblable à la situation de pionniers dans un monde que nous croyons connaitre, qui s’avère finalement étrange ».

Stéphane Bonzani, L’archaïque et ses possibles, Architecture et philosophie, 2021

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