Chloé ROZIER – Dnsep 2025
Dans ce mémoire, je m’intéresse au territoire situé au sud de Marseille, s’étendant de la Madrague à Callelongue. Ce secteur, classé parc national, incarne une nature préservée où la biodiversité côtoie cependant des éléments troublants et inattendus. Le paysage idyllique de bord de mer, caractérisé par la rencontre entre l’eau azur, la roche calcaire et les collines verdoyantes où prospèrent une riche faune et flore, attire chaque année de nombreux touristes et randonneurs en quête d’évasion.
Cependant, en parcourant ce littoral, on découvre des vestiges qui contrastent fortement avec la beauté naturelle environnante : des ruines de pierre, des amas de gravats et des bunkers tagués surgissant de la roche, comme autant de témoins d’un passé énigmatique. Intrigué par ces traces humaines, je me suis interrogé sur l’origine de ces constructions et sur l’histoire qu’elles révèlent.
Il faut remonter dans le temps, il y a à peu près 200 ans, pour comprendre l’origine de ces restes de constructions qui habillent la côte du littoral. Au début du XIXᵉ siècle, Marseille commence son ère industrielle. La ville est en pleine croissance de son industrie de transformation des matières premières, acheminées par bateau depuis les colonies françaises. Cette activité va durer jusqu’au début du XXᵉ siècle et marquera encore aujourd’hui son environnement. Des usines de traitement du plomb, du soufre, de l’acide sulfurique et du carbonate de soude s’y implantent. À leur fermeture, ces usines ont laissé des marques de leur passage dans le paysage ; qu’elles soient visibles ou non, elles ont modifié les lieux pour les siècles à venir.
Il est donc inévitable de parler de la notion d’Anthropocène dans ce contexte. Nous sommes dans l’ère de l’Anthropocène, une nouvelle période caractérisée par l’impact prédominant des activités humaines sur la planète, modifiant ainsi profondément les écosystèmes, le climat et les cycles naturels. C’est le prix Nobel de chimie Paul Crutzen et le biologiste Eugene Stoermer qui, au début des années 2000, ont proposé ce terme pour souligner l’ampleur des transformations planétaires causées par les activités humaines, en particulier depuis la révolution industrielle du XVIIIᵉ siècle.
Les activités industrielles, en constante expansion, n’ont pas seulement modifié les écosystèmes et le climat à l’échelle mondiale ; elles ont également influencé nos relations sociales et notre santé, des effets qui restent perceptibles aujourd’hui. Ces conséquences trouvent une résonance particulière dans le paysage des Calanques, où passé industriel et nature cohabitent souvent de manière conflictuelle, mais parfois aussi de façon créative et résiliente.
Ce mémoire vise à interroger non seulement la mémoire de ces lieux, mais aussi les perspectives d’avenir pour un territoire où l’industrie et la nature se mêlent. Ce mémoire s’articule autour de la question suivante : Quel avenir pour les restes de la pollution générée par les usines métallurgiques à Marseille ?
Pour y répondre, ce travail s’organisera en trois parties. Dans un premier temps, j’explorerai l’histoire industrielle des Calanques à travers des exemples précis d’usines. Ensuite, j’analyserai les conséquences actuelles de ce passé industriel, notamment à travers l’exemple des scories. Enfin, je présenterai des initiatives menées par des scientifiques et des designers pour répondre à cette pollution.