Célia CHARLES – Dnsep 2025
Les questions liées au corps et à ses émotions en relation avec l’espace
qui l’entoure ont été au cœur de ma pratique artistique pendant de
nombreuses années, à travers mes peintures mais aussi mes sculptures-
vêtements, dans une démarche assez auto-centrée. C’est lors de ma
reprise d’études que le design du Care s’est imposé à moi. Au départ,
cette approche m’est apparue de manière quelque peu artificielle :
je cherchais à conférer aux objets que je créais une dimension apaisante
et thérapeutique, inspirée notamment par la méthode Snoezelen.
Puis j’ai compris que le soin se tisse dans la relation à l’autre.
On ne crée pas seule, isolée dans son coin, pour quelqu’un.e : il faut
le « faire avec ». J’ai réalisé l’importance de concevoir le soin dans une
dynamique de collaboration, avec une équipe pluridisciplinaire et les
personnes concernées. Cette approche, basée sur l’écoute et l’échange,
dépasse le domaine du soin et peut enrichir de nombreux projets en
design.
Mon expérience personnelle, en tant que patiente ou visiteuse dans des
hôpitaux publiques, m’a souvent confrontée à ces espaces cependant
inhospitaliers, ces espaces en souffrance. Ces interrogations m’ont
conduite à entreprendre des recherches sur les rôles du design dans les
établissements de santé en France. Comment les designers peuvent-ils et
elles améliorer l’expérience des usager·ère·s dans les hôpitaux ?
J’ai découvert qu’un petit nombre de personnes réfléchissaient et
expérimentaient sur la question de l’hospitalité, du sensible et du singulier,
à contre-courant d’un système protocolaire et normatif axé sur l’efficacité
statistique. Par exemple, la Fabrique de l’hospitalité2 à Strasbourg est
un laboratoire qui mène des expérimentations, notamment grâce au
design, afin d’améliorer les conditions de travail des hospitalier·ère·s et
la prise en soin des patient·e·s et de leurs proches. De même, le Lab
AH3, un laboratoire dédié à l’accueil et à l’hospitalité au sein de l’hôpital
psychiatrique de Paris, rassemble des designers qui expérimentent avec
les usager·ère·s, patient·e·s, visiteur·euse·s et soignant·e·s, pour repenser,ensemble des espaces alternatifs et inclusifs.