Hop ! Hop Hop ! gentil petit cheval !
Hop ! Hop Hop ! où veux-tu donc aller
Passer ce grand mur-là ?
Mais ! qu’est-ce donc qui te prend
Hop ! Hop ! Hop ! gentil petit cheval !
Hop ! Hop ! Hop ! où veux-tu donc aller ?
(Paul Scheerbart, Poèmes à boire).
Arrière les gens maussades, les rabat-joie, les renfrognés, les éternels sérieux, les aigres-doux, les toujours importants ! « Important ! Important » Au diable l’importance ! Figures de pierres tombales, façades de cimetière devant des étages de boutiques de fripiers, de trafics sordides ! Brisez les colonnes de calcaire coquillier, les doriques, les ioniques et corinthiennes, à terre le théâtre de poupées ! À bas la « distinction » des grès et des miroirs, en morceaux les vieilleries de marbre et bois précieux, aux ordures avec le bric-à-brac hors d’usage ! « Ah ! nos beaux concepts espace, patrie, style ! » Qu’est-ce qu’ils puent, nom de dieu ! Détruisez-les, éliminez-les ! Il ne doit rien en rester ! Démantibulez vos écoles, les perruques des professeurs vont voler et nous jouerons avec à la balle. Soufflez, soufflez ! Le monde poussiéreux, feutré, replâtré des concepts, des idéologies, des systèmes, doit sentir sur lui notre vent glacé du Nord ! Mort aux concepts pouilleux ! Mort à tout ce qui sent le moisi ! Mort aux titres, dignités, à l’autorité ! À bas tous les sérieux ! À bas tous les chameaux qui ne passent pas par le chas d’une aiguille, tous les adorateurs de Mammon et de Moloch ! « Ceux qui adorent la violence doivent se soumettre à la violence ! » Leur ivresse de sang nous soulève le cœur — gueules de bois dans la lumière de l’aube. Au loin brille notre matin. Hourra ! trois fois hourra pour notre royaume sans violence ! Hourra pour la transparence, la clarté ! Hourra pour la pureté ! pour le cristal ! et que vive tout ce qui est aisé, gracieux, vif, étincelant et la légèreté — vive l’architecture éternelle !