Le travail d’Arnaud De Matteis est visible sur son site : arnauddematteis.com

– Quel temps fait-il ?
– Je n’ai pas le temps !
– C’est dans l’air du temps.

Nous allons commencer notre voyage du temps avec la question suivante : quel temps fait-il ?

C’est par ailleurs, une question récurrente que l’on se pose souvent. Une question, où le mot « temps », lui-même est intéressant et répétitif. Il désigne une notion de durée ou de succession. Il a aussi une représentation différente dans la conscience de chacun. Il indique un avant, un après et un maintenant. Pour ma part, dans cette question, j’en visualise deux. Je ne sais pas, si je me demande : quelle sera la température d’aujourd’hui ? Ou bien, comment sera rythmée ma journée ?

Effectivement, cela peut paraître primaire. Nous parlons là, de température, évidemment. Mais la vitesse de l’action n’est-elle pas gérée par le climat qui l’entoure ? Nous pouvons que constater une variation de la vitesse de nos actions lorsque la température ou la météo intervient.

Nous sommes au mois de juillet, il est 10 heures, je pars courir dans un bois, près chez moi. J’ai besoin de me défouler au moins, un jour sur deux, pour me sentir bien dans mon corps. Il fait très chaud, c’est une belle journée. J’arrive au bois, je décide de faire quelques échauffements, pour me mettre en condition. Je commence à courir.

Je cours environ 1 heure à chaque fois. Mais j’ai assez rapidement, très chaud. Je ne me sens pas à l’aise avec mon corps et ma course, je me rends rapidement compte que je ne suis pas très performant. L’allure de ma course prend une nouvelle tournure. Je bois beaucoup. Je ressens (très fort) cette chaleur d’été qui handicape vraiment ma course. Le soleil a un impact direct sur ma peau, j’ai l’impression de brûler. De plus, j’ai envie de me gratter partout, ça me démange sur les bras et les cuisses, surtout les cuisses. Je transpire, et les efforts que mon corps demande sont énormes et beaucoup plus intenses que d’habitude. La température de mon corps augmente, j’ai l’impression d’être dans un sauna, que ma soupape va exploser, imploser. Mes muscles chauffent, je suis crispé et j’ai une sensation de brûlure intérieure. Je dois faire attention à ne pas me faire une crampe. Mon corps fabrique alors de l’acide lactique, un déchet métabolique. Je deviens une usine en surchauffe, mes muscles fermentent. Mon cœur s’accélère, j’ai l’impression qu’il joue du tambour battant, il bat la chamade, j’ai là aussi, l’impression qu’il va exploser dans ma poitrine.


Mon corps n’arrive plus à se refroidir. Résultat, fatigue, maux de tête, nausées et vertiges. Je vais mettre bien plus de temps à récupérer. Ma course terminée, je n’ai qu’une envie, ne plus bouger. Je halte, je souffle, je souffre. Je suffoque presque, je suis épuisé, je ne sens plus mon corps que par la douleur et celui-ci est dur comme de la pierre. Je m’allonge sur l’herbe, je ferme les yeux. Je cherche à récupérer mon souffle, à refroidir mon corps, à le libérer ainsi que tous mes muscles de toutes les tensions accumulées par la course. Je dois boire, j’ai vraiment très soif. Je bois, je me repose, je prends mon temps. Petit à petit, je me sens mieux, mais je reste épuisé par l’effort.

Jury

  • Tiphaine KAZI-TANI, présidente, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer et chercheuse associée au CodesignLab de Telecom Paris-Tech et à la Cité du design de Saint-Étienne, associée au commissariat de la Biennale du design de Saint-Étienne, responsable du DSRD à I’ESADSE.
  • Mathieu PEYROULET-GHILINI, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; designer
  • Delphine COINDET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; artiste.
  • Yannick VERNET, personnalité qualifiée extérieure à l’établissement ; responsable des projets numériques à l’ENSP.
  • Frédérique ENTRIALGO, théoricienne, docteur et enseignante à l’ESADMM.

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