Parce que de la complicité jaillit l’idée, que l’union fait la force et qu’il faut être deux pour ouvrir un dialogue, nous avons choisi de travailler en duo. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Depuis toujours des binômes créatifs ont existé. En ce moment nous assistons même à une explosion de tandem de ce genre. Dans cet exercice, il ne s’agit pas de se partager les tâches en fonction des compétences ou les facilités de chacun. Mais plutôt d’avoir une approche avec une réelle communion, un partage d’idée au travers d’échanges, de confrontations de point de vue. Jusqu’à arriver à créer une symbiose.
Nous avons les deux un diplôme d’architecture d’intérieure de nos pays d’origine, nous nous sommes rencontrés en France à L’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée (ESADMM), plus particulièrement au studio D.E.S.I.N.G. (Design Espace Social Innovation Nomade Global). Nous nous sommes très vite liés en développant des projets communs pour l’école dont le thème était essentiellement le lien social.
Dans notre milieu du design et de l’architecture d’intérieur, travailler en équipe est une évidence. Notre métier n’est pas seulement une affaire de création ; c’est aussi tout un processus de production qui nécessite différentes compétences contrairement à un peintre ou à un compositeur qui peuvent créer sans l’aide d’autrui. D’un point de vue psychologique, être deux nous protège du sentiment d’insécurité, voire même de paranoïa souvent inhérente à la création et nous préserve ainsi des dérives égocentriques !
À deux, on est mieux armés pour surmonter les obstacles et les imprévus inhérents au monde du travail. Mais la crise n’est pas la seule explication à ce changement de mentalité : nous sommes dans une logique de partage créatif, d’échange d’idées, d’enrichissement mutuel, d’attitude coopérative et associative. En binôme, le processus de création est sans cesse en éveil.
Chaque projet donne lieu à des discussions parfois orageuses avec de multiples tensions, mais finalement le résultat produit n’en est que plus constructif. Le fait que nous confrontons nos points de vue issus de deux cultures différentes ; libanaise et russe nous permet de nous remettre en question et ainsi de tendre vers une forme de perfection à laquelle nous aspirons. Nous nous connaissons parfaitement, savons la façon dont chacun fonctionne et ce qu’on apporte l’un à l’autre. Anna est plus patiente, Michel est plus speed ; on s’équilibre mutuellement. Une double vision donne une double dimension et c’est un vrai plus, surtout pour des projets de grande envergure. Nous avons chacun des caractères très affirmés et c’est dans la remise en question que l’on arrive au meilleur équilibre dans un projet. En cas de conflit, nous prenons le temps de réfléchir, de discuter et nous finissons toujours par trouver le bon compromis… sans nous compromettre.