La production de mobilier de Jean Prouvé, qui se situe entre la fin des années 1920 et celle des années 1950, utilise les mêmes principes que ceux qui sont mis en œuvre simultanément dans ses constructions : prise en compte des règles inhérentes à la résistance à l’effort mécanique et à l’usure des matériaux, techniques de façonnage accordées aux capacités de la matière — la tôle d’acier pliée, majoritairement — et production industrielle tournée vers la grande série. Les procédés de fabrication seront toujours testés en vraie grandeur sur des prototypes successivement améliorés, avec un souci affirmé du détail. Fonctionnalité et confort caractérisent ces meubles souvent destinés aux collectivités, sans toutefois occulter leur aspect esthétique. Dès 1951, un type spécifique de mobilier est conçu pour des établissements scolaires. Dans l’ensemble Maternelle (table et chaise), le principe consiste à associer des pieds fuselés de section triangulaire, fixés sur une entretoise en tube de forte section, à des supports tubulaires plus fins. Décliné en version symétrique ou asymétrique, le piètement « compas » reprend ce modèle en plus épuré, avec un châssis métallique constitué de quatre pieds fuselés, également de section triangulaire, en tôle d’acier pliée, associés deux à deux et soudés sur une entretoise en tube de fort diamètre. Une console triangulaire en tôle d’acier pliée assure, à chaque extrémité, la double fonction de soutenir le plateau et de dissimuler l’assemblage des pieds et de l’entretoise1. Le piètement dissymétrique des bureaux est tout simplement constitué de pieds standard de deux longueurs différentes. Développé en de nombreuses variantes suivant les formes du châssis, de l’entretoise, du plateau et du choix des matériaux, le bureau « Compas » connaîtra une diffusion plus longue que celui de son homologue à piètement symétrique, la table Cafétéria n° 512. L’ensemble du mobilier « Compas » sera produit par les Ateliers de Maxéville jusqu’en 1959. Sous contrat avec Jean Prouvé, Steph Simon poursuivra la fabrication et commercialisation en sa galerie parisienne du boulevard Saint-Germain jusqu’à la fin des années 1960.
Notes :- Voir Ensemble Maternelle, Table Cafétéria n° 512, dite table « Compas », Bureau « Compas », dans Jean Prouvé, Paris, galerie Patrick Seguin, 2007, vol. 2, p. 392-395, 350-351, 430-435.[↑]